Dans la littérature économique concernant les politiques monétaires, on retrouve très souvent le concept de « choc de politique monétaire ». La recherche en économie monétaire s’est depuis plusieurs années très intéressée aux effets de ces « chocs » sur l’économie, afin de conclure ou non sur un effet significatif de la politique monétaire seule sur l’économie réelle. Qu’entend-t-on vraiment par là ?
On a coutume de dire qu’une banque centrale établit son taux d’intérêt directeur en prenant en compte les mouvements de variables réelles, telles que l’inflation et le PIB par exemple (pour faire simple). Les variables réelles à laquelle une banque centrale est censée réagir sont le plus souvent dictées par ses statuts. Par exemple, il est clair que la FeD réagit à la fois à l’inflation et au PIB (objectif dual), tandis que la BCE se pré-occupe avant tout de l’inflation.
Imaginons que la FeD ait clairement comme objectif de ne réagir uniquement au PIB et à l’inflation. Imaginons qu’en ce mois d’octobre, alors que l’inflation n’est pas une menace pour la FeD et que le PIB est en dessous de celui voulu par la FeD, celle-ci décide de changer sa politique monétaire en relevant son taux directeur. Cette décision ne serait alors aucunement motivée par les variables réelles auxquelles la FeD est censée réagir : on parlera alors de « choc de politique monétaire ».
Plus généralement dans ce cadre, on pourra parler de « choc de politique monétaire » pour désigner les épisodes où les mouvements de politique monétaire ne peuvent être justifiés par le mouvement de variables réelles dans l’économie. Ces mouvements de taux d’intérêt non liés aux fondamentaux économiques sont particulièrement intéressants dans la mesure où leur analyse va permettre d’étudier les effets réels de la politique monétaire sur les variables réelles (comme le PIB), voir à ce sujet par exemple l’un des articles pionniers en la matière « Does Monetary policy matter ? » (Romer & Romer).
Julien P.