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Tendances du Commerce International 2016-2017 (Etude)

 

Résumé :

·        Croissance décélérée du volume du commerce international de biens en 2016 ;

·        Effets de la baisse des prix du pétrole, des évolutions du change ainsi que le ralentissement de l’économie mondiale en sont des facteurs ;

·        Le rythme décéléré des échanges commerciaux en 2016 est plus marqué pour les économies en développement, et pour les régions de l’Asie et de l’Amérique du Sud.

 

 

 

Depuis la crise financière de 2008, le commerce international a été l’objet de plusieurs aléas, affectant les performances en termes d’échanges commerciaux et remettant en question les avantages de la mondialisation. Les performances du commerce international sont en effet en dégradation à partir de 2014, après une période de rétablissement post-crise. Le volume du commerce international a continué à croître de façon modeste pour se limiter à 1,3 % en 2016 contre 6,4% avant-crise (2007) et -12,6% en 2009. Les prévisions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour les années 2017 et 2018 sont plus optimistes. Le commerce international affiche en effet des signes d’amélioration depuis le début de l’année 2017.

Cette note présentera un point sur les tendances du commerce international en 2016, en présentant les différents facteurs derrière les faibles performances du commerce international en 2016.

 

Croissance décélérée du commerce international en 2016

En 2016, le volume du commerce mondial des biens a connu son plus faible taux de croissance depuis la crise financière de 2008, soit 1,3 % sur la moyenne des exportations et des importations. De plus, la croissance du volume des échanges commerciaux a été plus faible que le niveau de croissance de la production mondiale, même si celle-ci a aussi connu un rythme décéléré (une croissance de 2,3 %) (Graphique 1). Le ratio de la croissance du volume du commerce des biens par rapport la croissance du PIB est de l’ordre de 0,6, montrant que l’augmentation du PIB mondial ne se traduit pas forcément par une demande supplémentaire d’importations.

Graphique 1- Evolution du volume de Production mondiale et du commerce international

Mattoo et Ruta (2015) suggèrent que la baisse du ratio commerce/PIB est liée au rythme décéléré de la spécialisation verticale[1] dans le cadre de la division internationale des processus productifs (DIPP). Bussière et alii (2013) proposent une autre explication de ces nouvelles tendances du commerce international basée sur la demande. Les auteurs définissent en effet une mesure d’intensité en importation des différentes composantes de la demande (consommation, investissement, dépenses de l’Etat, exportations). En suivant la même méthodologie, Auboin et Borino (2017) expliquent la baisse des performances du commerce international  sur la période 2012-2015 par une baisse de la demande d’investissement, la composante de la demande la plus intensive en importations.

 

Baisse des prix des matières premières

Bien que le volume du commerce international ait augmenté en 2016, la valeur des échanges commerciaux a connu une baisse de 3,3 % en moyenne en 2016. Cela est en partie dû au recul des prix des matières premières qui a commencé fin 2014 et qui se continue jusqu’au début 2016 (Graphique 2). La chute des prix a été plus rude pour le pétrole, affichant une baisse de 51 % entre Juin 2014 et Janvier 2015 et de 37 % entre Janvier 2015 et Janvier 2016, avant de s’améliorer notamment par l’action des exportateurs pour tenter de diminuer les quantités produites. La baisse des prix des métaux et des biens agricoles a été moins importante. Pour résumer, la baisse des prix des matières premières a plus affecté les performances du commerce international en 2015 qu’en 2016.

Graphique 2- Evolution des indices de prix des matières premières (2005=100)

 

 

Evolution des taux de change

La baisse du commerce international peut aussi être expliquée par l’appréciation du dollar  américain de 13 % en 2015 et de plus de 4 % en 2016 contre un panier de devises des principaux partenaires commerciaux[2] des Etats Unis. Cette appréciation vient pénaliser encore plus les importateurs des matières premières, notamment de pétrole.

En effet, les prix des matières premières en dollar augmentent par effet de l’appréciation du dollar, ce qui les rend chères pour les importateurs en autres devises. La demande des matières premières baissent donc affectant donc leurs prix. Cette appréciation est renforcée[3] par la reprise de la demande mondiale et par les séries de politiques de relance annoncées par Trump dès son élection en 2016.

De son côté, la monnaie chinoise « le renminbi » a aussi connu des dévaluations en 2015[4] et 2016 après l’appréciation de 2014 (Graphique 3), affectant donc les importations chinoises. De son côté, le taux de change de l’Euro contre les devises des principaux partenaires commerciaux de la Zone Euro est restée stable en 2016.

Graphique 3- Evolution du tu taux de change nominal effectif (2010=100)

 

Evolution du commerce international différente selon les pays

Le ralentissement du commerce international en 2016 semble toucher beaucoup plus des pays en développement ou émergents que des pays développés. Au niveau des exportations, la croissance des échanges en 2016 a été de 1,4 % pour les pays développés et 1,3 % pour les pays en développement. Au niveau des importations, les pays développés ont réalisé une croissance de 2 % tandis que les pays en développement ont stagné à 0,2 % de croissance.

L’évolution du commerce international a été aussi différente en fonction des régions. Pour l’Asie, le ralentissement de l’activité en Chine ainsi que les variations du Renminbi ont marqué le premier trimestre de 2016. Cela s’est traduit par une baisse des importations de l’Asie, avant une amélioration sur le reste de l’année 2016 comme le montre le Graphique 4. Pour l’Amérique du Sud, la baisse du volume des échanges a été plus importante. Cela est notamment dû à la baisse des prix des matières premières ainsi que la récession économique qu’a connue le Brésil à partir de 2014 (avec une croissance du PIB de -3,6 % en 2016). Les performances du commerce international ont été positives pour l’Europe et pour l’Amérique du Nord, même si la contribution de cette dernière à la croissance du commerce international était très modeste en 2016 (de 0,1 % de contribution contre 1,2 % de contribution sur une croissance totale du commerce de 2,9 % en 2015, selon l’OMC).

Graphique 4- Exportations et Importations des biens en volume (Indices, désaisonnalisés, 2005Q1=100)

 

Evolution du commerce des services

En ce qui concerne les services, les exportations ont baissé de façon dramatique en 2015 de 5,68 % en valeur de dollars courants. Les exportations des services commerciaux stagnent en 2016 avec 0,37 % d’amélioration par rapport à 2015 (Graphique 5). Le secteur du Transport a été le plus affecté en termes de performances d’exportations avec une baisse de 10 % entre 2014 et 2015 et de 4 % entre 2015 et 2016. Cela est en partie du à l’appréciation du dollar américain et la baisse de la demande du transport des marchandises « fret » reflétant la stagnation de l’économie mondiale. Les services financiers connaissent aussi une baisse des performances en termes d’exportations d’environ 4 % en 2015 et en 2016. Cela peut être une traduction des défis et des changements liés à l’expansion des technologies digitales. Selon les statistiques de l’OMC, le secteur des technologies de l’information a été le plus performant en 2016 en termes d’exportations avec une croissance des échanges de 4,5 % en 2016. Cela témoigne de l’évolution de l’économie de la donnée imposant de nouvelles forces sur le marché international.

Graphique 5- Evolution de la valeur du commerce des services commerciaux (en %)

 

Conclusion

Le commerce international a connu un rythme décéléré en 2016 avec une croissance des échanges commerciaux inférieure à celle de la production mondiale. La baisse des prix des matières premières, l’appréciation du dollar américain ainsi que le ralentissement de la production mondiale ont été derrière les faibles performances de commerce international. L’évolution des échanges commerciaux a varié selon les régions. L’Asie et l’Amérique du sud ont été les plus touchées, vu le ralentissement de l’économie chinoise et la baisse des prix des matières premières. Les prévisions s’annoncent positives quant à l’évolution du commerce international en 2017 et 2018. L’année 2017 montre déjà des signaux de reprise du commerce international.

 


[1]La «spécialisation verticale» est un concept lié à la division internationale des processus productifs, se référant au fait que les différentes étapes de la chaine de valeur d’un bien sont réparties sur un nombre de pays ou de régions. Par opposition, la «spécialisation horizontale» correspond à la division traditionnelle du travail où chaque pays produit un bien particulier.

[2]En se basant sur les échanges commerciaux bilatéraux sur la période 2011-2013.

[3]La situation du dollar semble s’inverser en 2017 avec un renforcement de certaines devises contre le Dollar, notamment celles de la plupart des pays émergents, suite à la stabilisation de leurs économies.

[4]La première dévaluation du Renminbi fût le 11 Août 2015 et correspond à une baisse de 1,8 % de la valeur du Renminbi contre le Dollar américain.

 

 

 

 

2017: Reprise du commerce international ?

 

Résumé:

 

·         Reprise du commerce international début de l’année 2017 avec une croissance attendue des échanges plus forte le premier trimestre que le second semestre ;

·         Existence de signaux positifs pour une croissance du commerce international notamment avec la reprise des pays émergents et la résilience de leurs devises, la reprise économique de la Zone Euro, et le projet de « route de la soie » lancé par la Chine ;

·         Malgré les signaux de recouvrement, certains risques liés à la montée du protectionnisme, aux tensions géopolitiques ainsi qu’au développement du commerce électronique sont à prendre en considération.

 

 

Depuis la crise financière de 2008, le commerce international a été l’objet de plusieurs aléas, affectant les performances en termes d’échanges commerciaux et remettant en question les avantages de la mondialisation. Après une année 2016 avec de faibles performances de commerce international,  les prévisions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour les années 2017 et 2018 s’annoncent plus optimistes. Le commerce international affiche en effet des signes d’amélioration depuis le début de l’année 2017.

Cette note présentera donc le point sur les tendances du commerce international en 2017, ce qui donne à réfléchir sur la prochaine donne du commerce international, en présence des différents signaux positifs ainsi que des risques liés à l’évolution des échanges commerciaux.

 

Quelques Statistiques

 

Après deux années de faibles performances de commerce international (voir Note ci dessus), le début de l’année 2017 a montré des signes d’amélioration amenant l’OMC à relever ses prévisions de croissance du volume des échanges commerciaux pour être de l’ordre de 2,4 % 2017 et de 2,1 à 4 % en 2018. En effet, le commerce international a connu une accélération durant le premier semestre de 2017. Le volume du commerce international a augmenté de 1,4 % durant le premier trimestre de 2017 et 1,3 % durant le second trimestre. Il s’agit particulièrement des flux commerciaux de l’Asie et des importations de l’Amérique du Nord (Graphique 1). Cela est surtout dû à une forte croissance du PIB aux Etats Unis et en Chine dynamisant le commerce. A ce titre, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit des chiffres optimistes pour la Chine en 2017 en termes de croissance économique, de l’ordre de 6,7 %.

 

 

En termes de valeur, les exportations mondiales ont augmenté de 5 % (en FOB) pendant le deuxième trimestre de 2017. Toutefois, les prix des matières premières repartent à la baisse mi-2017 après avoir récupéré quelques points de croissance à partir de 2016 (cf. Graphique 1).

Pour le G20, le début de l’année 2017 a été positif en termes d’échanges commerciaux. Le premier trimestre de 2017 fut le 4ème trimestre consécutif avec une croissance du commerce de biens.

·         Les exportations de biens du G20 en valeur (dollars US courants) ont augmenté de 3,4 % contre 1,7 % durant le dernier trimestre 2016. Cette croissance est de l’ordre de 3,2 % pour la Chine, 3,2 % pour les Etats Unis et de 1,5 % pour l’UE28. La France est le seul pays du G20 à enregistrer une baisse des exportations (de 2,5 %), l’effet d’une année 2016 particulièrement exceptionnelle, avec notamment la baisse des exportations du secteur de l’aéronautique de 17 %[1]. Parmi les BRIC, le Brésil connait le niveau le plus important de croissance des exportations (21,5 %) notamment suite à la reprise de l’économie chinoise, qui représente près de 18 % des destinations des exportations brésiliennes.

·         En termes d’importations, la valeur des échanges du G20 a augmenté de 4,2 %. La Chine a enregistré le niveau de croissance le plus élevé avec un niveau de 9,6 %, faisant baisser son surplus commercial à son plus bas niveau depuis le second trimestre de 2014. La reprise du commerce international a cependant été moins importante durant le second trimestre de 2017. La croissance des exportations en valeur est passée de 3,4 % à 1,4 %. Quant aux importations, leur croissance passe de 4,2 % à 1,7 %.

Les performances du commerce international durant le second trimestre sont hétérogènes selon les régions. Au niveau de l’UE28, la reprise s’est en effet plutôt confirmée avec des exportations qui augmentent de 3,8 % contre 1,5 % le premier trimestre et des importations qui croissent de 3,5 %. La valeur des échanges commerciaux reste stable pour les Etats Unis. Pour le Mexique, la croissance des exportations ralentit au deuxième semestre (1.3% en comparaison avec 2.1% de croissance le premier semestre) alors que les importations stagnent. Le Brésil connait, quant à lui, une baisse de de 5 et de 6 % en termes d’exportations et d’importations, respectivement. Les importations chinoises ont aussi baissé de 3 % entre le premier et le second trimestre 2017. La baisse des prix des matières premières, notamment le pétrole sur le second trimestre 2017 (voir Graphique 2, Note 1/ 2) se reflète aussi en termes de valeur des exportations pour la Russie et l’Arabie Saoudite qui baissent de 5,9 % et de 20,9 %.

Enfin, le commerce des services commerciaux a aussi connu une amélioration modeste des échanges de 2%  le dernier trimestre de 2016 et de 0,9 % durant le premier trimestre de 2017. L’année 2017 a donc connu jusque-là un rebond des échanges commerciaux, plus marqué durant le premier trimestre. Selon le World Economic Outlook publié par le FMI en Octobre, la croissance des échanges commerciaux est prévue d’atteindre 4% en 2017, soit 1% de plus par rapport à la croissance du PIB mondial.

 

Signaux positifs pour la suite

 

La reprise du commerce international peut être renforcée par l’amélioration de la situation des économies émergentes. Le FMI a revu ses prévisions d’Octobre  à la hausse concernant la croissance économique de la Chine (+0,1 % par rapport aux prévisions de Juillet). De plus, la valeur des importations chinoises a augmenté de 18,7 % sur un an en septembre, ce qui profitera aux partenaires commerciaux de la Chine en termes d’exportations. Le projet de la nouvelle « route de soie » initié par la Chine aura aussi ses effets sur les échanges commerciaux au niveau mondial. Avec des investissements massifs, le but de la Chine est de favoriser les liens économiques entre l’Asie et l’Europe, et surtout de réduire sa dépendance des voies maritimes, notamment en améliorant les connexions ferroviaires et en installant un réseau terrestre.

La situation économique s’améliore aussi pour le Brésil, après une récession dramatique en 2016. Selon l’Institut Brésilien de géographie et de statistiques (IBGE), la croissance a évolué de 1 % pendant le premier trimestre de 2017 par rapport au dernier trimestre de 2016. La reprise des économies émergentes est accompagnée par une résilience des devises émergentes. Les afflux de capitaux vers les pays émergents se sont ressaisis avec une moyenne de 200 milliards sur les deux premiers trimestres de 2017, contre 120 milliards en moyenne trimestrielle sur 2015-2016. L’indice des taux de change des marchés émergents proposé par MSCI a connu une amélioration de 14 % en Octobre 2017, par rapport à sa valeur en Janvier 2016. 

L’Europe fait aussi des pas vers la reprise économique. L’UE28 a affiché une croissance des échanges commerciaux plus importante au deuxième trimestre qu’au premier trimestre de 2017. De plus, la reprise de l’économie de la Zone Euro semble se confirmer. La croissance économique se poursuit depuis la fin de 2016, avec 0,7 et 0,6 %  de croissance du PIB aux deuxième et troisième trimestres 2017, respectivement, selon les dernières estimations d’Eurostat. De plus, la croissance du PIB de la Zone Euro au troisième trimestre de 2017 est de 2,5% par rapport à la même période en 2016. La baisse du chômage ainsi que le dépassement des incertitudes liées aux échéances électorales dans certains pays de la Zone sont aussi des signaux positifs sur la reprise de l’économie de la Zone Euro. A ce titre, le FMI a revu les prévisions de croissance de la zone à la hausse dans son dernier rapport d’Octobre,  pour atteindre 2,1 % en 2017, soit 0,4 % de plus par rapport aux prévisions d’Avril. En ce qui concerne les Etats Unis, les prévisions de croissance économique par FMI ont été cependant révisées à la baisse en Octobre, avec -0,1 % par rapport aux prévisions d’Avril.

 

Des risques sur le commerce international

 

L’incertitude sur la reprise du commerce international reste cependant marquée vu la présence d’un ensemble de facteurs pouvant fragiliser les échanges commerciaux. Tout d’abord les années 2016-2017 sont marquées par une montée du protectionnisme et du nationalisme. Il s’agit principalement des menaces protectionnistes de D. Trump, Président des Etats Unis traduites par le slogan « America First». Il s’agit par exemple de la menace des Etats Unis de se retirer de l’Accord de libre-échange nord-américain  (ALENA, NAFTA). Les Etats Unis demandent en effet une renégociation de l’accord, afin de le « moderniser ». Cette demande est motivée par le passage de la balance commerciale avec le Mexique d’un excédent avant l’accord à un déficit après l’accord. Ces tendances anti-mondialisation ont été largement dénoncées par les leaders du G20 lors d’un rassemblement des ministres de finance des pays du G20 en Octobre 2017. De plus, une troisième augmentation des taux d’intérêt par la FED est envisageable, après celles de Mars et de Juillet. Cette hausse des taux d’intérêt brutale et inattendue aux Etats Unis générerait beaucoup de volatilité sur les devises émergentes, ce qui jouerait sur leurs réserves et sur leur pouvoir d’achat. Pour la Chine, malgré la révision à la hausse des prévisions de croissance, le FMI annonce qu’il existe  un risque accru d’un ralentissement économique brutal, notamment lié à l’explosion de la dette chinoise. De plus, la faible reprise des prix des matières premières en 2017 et la tendance à la baisse durant le deuxième semestre de l’année constitue aussi un risque sur les échanges commerciaux.

D’autres risques sur le commerce international s’ajoutent, notamment le risque politique lié aux tensions entre les Etats Unis et la Corée du Nord, ou encore le risque sécuritaire lié au terrorisme, qui pèse sur l’économie mondiale. L’actualité durant le second semestre 2017 a aussi été marquée par une série d’ouragans liés à la saison cyclonique dans l’océan atlantique. Le coût de ces catastrophes naturelles peut affecter la croissance économique des pays/ régions touchés et par la suite les investissements et les échanges commerciaux.

Les mouvements d’indépendance de certains pays/ régions renforcent les risques sur le commerce international. Il s’agit surtout des effets du « Brexit » sur l’économie européenne et par la suite sur les échanges du Royaume Uni avec le reste de l’Union Européenne et aussi le reste du monde, même si le gouvernement britannique ne partage pas les idées protectionnistes du Président D. Trump et assure que l’ouverture commerciale représente une solution et non pas une cause de l’instabilité économique mondiale. Le « Brexit » se traduit cependant par des incohérences et des problèmes de douanes et portuaires, qui demandent une période de transition importante pouvant donc affecter l’activité du commerce international. D’autres instabilités politiques risquent d’avoir leurs effets sur la Zone Euro, notamment les tensions entre la Catalogne et le gouvernement espagnol autour d’un éventuel « Catalexit ».

Pour finir, une nouvelle tendance est aussi à prendre en compte dans l’étude de l’évolution du commerce international qui est liée à la digitalisation de l’économie, phénomène apparu début des années 2000 suite à la révolution Internet. Les flux de données accompagnent maintenant tout échange de biens et ou de services, et offrent donc une nouvelle dimension de la mondialisation (Olivier Passat, Xerfi Canal). Le commerce électronique est en pleine expansion, avec des échanges de services de TIC dont le chiffre d’affaires mondial au augmenté de 20 % entre 2012 et 2016. Le développement du commerce électronique impacte l’économie mondiale de différentes manières. D’un côté, cette activité creuse les inégalités entre les pays développés et les pays en développement où l’accès aux TIC est moins garanti, et affecte l’emploi vu ses effets sur les ventes physiques. De l’autre côté, le e-commerce élargit le champ d’action des entreprises en permettant à leurs produits d’atteindre des destinations qui étaient jusque-là inaccessibles et donc leurs échanges commerciaux internationaux. Il est donc intéressant de prendre en compte cette nouvelle tendance du commerce afin de mieux évaluer les performances du commerce international.

 

Conclusion

 

Le début de l’année 2017 porte quelques signes de redressement, malgré un fléchissement de la reprise durant le second trimestre de 2017. L’activité du commerce international pourra profiter de la croissance économique aux Etats unis et de la reprise de l’économie chinoise et d’autres économies émergentes. La montée des discours protectionnistes, les mouvements « exit » que vit l’UE ainsi que le développement du e-commerce sont cependant des éléments qui sont en prendre en compte lors de l’évaluation de l’activité du commerce mondial.

 

 

Notes:

[1] C’est notamment lié aux faibles livraisons des avions Airbus.

 

Bibliographie

Auboin, Marc, and Floriana Borino. The falling elasticity of global trade to economic activity: Testing the demand channel. No. ERSD-2017-09. WTO Staff Working Paper, 2017.

Bussière, Matthieu, et al. « Estimating trade elasticities: demand composition and the trade collapse of 2008-2009. » American Economic Journal. Macroeconomics 5.3 (2013): 118.

Constantinescu, Cristina, Aaditya Mattoo, and Michele Ruta,2015, “The global trade slowdown: Cyclical or structural?”, No. 15-16. International Monetary Fund, 2015.

WTO, WTO Annual Report, 2017.

WTO, « World trade and GDP growth in 2016 and early 2017 », Chapter 3, World Trade statistical Review, 2017.

FMI, «  Seeking Sustainable Growth: Short-Term Recovery, Long-Term Challenges », World Economic Outlook, October 2017.

MSCI Emerging markets Index, https://www.msci.com/documents/10199/c0db0a48-01f2-4ba9-ad01-226fd5678111

OCDE, « Statistiques de l’OCDE sur le commerce international : tendances au premier trimestre 2017 », Communiqué OCDE du 29/5/2017.

OCDE, « Continued, albeit slower, G20 merchandise trade growth in  the Q2 2017 », Communiqué OCDE du 29/8/2017.

WTO, “Latest quarterly trade trends”, 19/09/2017.

WTO, « Une reprise du commerce est attendue en 2017 et 2018, dans un contexte d’incertitude des politiques », Communiqué de presse, PRESS/793 STATISTIQUES ET PERSPECTIVES DU COMMERCE.

https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-mondialisation-s-emballe-a-l-heure-du-digitale-1222832

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/05/15/la-chine-veut-restaurer-la-route-de-la-soie-non-sans-perils_5127828_3216.html

https://www.courrierinternational.com/grand-format/chine-route-de-la-soie-la-mondialisation-selon-xi-jinping

 

 

 

 

2017: Reprise du commerce international ?

 

Résumé:

 

·         Reprise du commerce international début de l’année 2017 avec une croissance attendue des échanges plus forte le premier trimestre que le second semestre ;

·         Existence de signaux positifs pour une croissance du commerce international notamment avec la reprise des pays émergents et la résilience de leurs devises, la reprise économique de la Zone Euro, et le projet de « route de la soie » lancé par la Chine ;

·         Malgré les signaux de recouvrement, certains risques liés à la montée du protectionnisme, aux tensions géopolitiques ainsi qu’au développement du commerce électronique sont à prendre en considération.

 

 

Depuis la crise financière de 2008, le commerce international a été l’objet de plusieurs aléas, affectant les performances en termes d’échanges commerciaux et remettant en question les avantages de la mondialisation. Après une année 2016 avec de faibles performances de commerce international,  les prévisions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour les années 2017 et 2018 s’annoncent plus optimistes. Le commerce international affiche en effet des signes d’amélioration depuis le début de l’année 2017.

Cette note présentera donc le point sur les tendances du commerce international en 2017, ce qui donne à réfléchir sur la prochaine donne du commerce international, en présence des différents signaux positifs ainsi que des risques liés à l’évolution des échanges commerciaux.

 

Quelques Statistiques

 

Après deux années de faibles performances de commerce international (voir Note 1/2), le début de l’année 2017 a montré des signes d’amélioration amenant l’OMC à relever ses prévisions de croissance du volume des échanges commerciaux pour être de l’ordre de 2,4 % 2017 et de 2,1 à 4 % en 2018. En effet, le commerce international a connu une accélération durant le premier semestre de 2017. Le volume du commerce international a augmenté de 1,4 % durant le premier trimestre de 2017 et 1,3 % durant le second trimestre. Il s’agit particulièrement des flux commerciaux de l’Asie et des importations de l’Amérique du Nord (Graphique 1). Cela est surtout dû à une forte croissance du PIB aux Etats Unis et en Chine dynamisant le commerce. A ce titre, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit des chiffres optimistes pour la Chine en 2017 en termes de croissance économique, de l’ordre de 6,7 %.

 

 

En termes de valeur, les exportations mondiales ont augmenté de 5 % (en FOB) pendant le deuxième trimestre de 2017. Toutefois, les prix des matières premières repartent à la baisse mi-2017 après avoir récupéré quelques points de croissance à partir de 2016 (cf. Graphique 1).

Pour le G20, le début de l’année 2017 a été positif en termes d’échanges commerciaux. Le premier trimestre de 2017 fut le 4ème trimestre consécutif avec une croissance du commerce de biens.

·         Les exportations de biens du G20 en valeur (dollars US courants) ont augmenté de 3,4 % contre 1,7 % durant le dernier trimestre 2016. Cette croissance est de l’ordre de 3,2 % pour la Chine, 3,2 % pour les Etats Unis et de 1,5 % pour l’UE28. La France est le seul pays du G20 à enregistrer une baisse des exportations (de 2,5 %), l’effet d’une année 2016 particulièrement exceptionnelle, avec notamment la baisse des exportations du secteur de l’aéronautique de 17 %[1]. Parmi les BRIC, le Brésil connait le niveau le plus important de croissance des exportations (21,5 %) notamment suite à la reprise de l’économie chinoise, qui représente près de 18 % des destinations des exportations brésiliennes.

·         En termes d’importations, la valeur des échanges du G20 a augmenté de 4,2 %. La Chine a enregistré le niveau de croissance le plus élevé avec un niveau de 9,6 %, faisant baisser son surplus commercial à son plus bas niveau depuis le second trimestre de 2014. La reprise du commerce international a cependant été moins importante durant le second trimestre de 2017. La croissance des exportations en valeur est passée de 3,4 % à 1,4 %. Quant aux importations, leur croissance passe de 4,2 % à 1,7 %.

Les performances du commerce international durant le second trimestre sont hétérogènes selon les régions. Au niveau de l’UE28, la reprise s’est en effet plutôt confirmée avec des exportations qui augmentent de 3,8 % contre 1,5 % le premier trimestre et des importations qui croissent de 3,5 %. La valeur des échanges commerciaux reste stable pour les Etats Unis. Pour le Mexique, la croissance des exportations ralentit au deuxième semestre (1.3% en comparaison avec 2.1% de croissance le premier semestre) alors que les importations stagnent. Le Brésil connait, quant à lui, une baisse de de 5 et de 6 % en termes d’exportations et d’importations, respectivement. Les importations chinoises ont aussi baissé de 3 % entre le premier et le second trimestre 2017. La baisse des prix des matières premières, notamment le pétrole sur le second trimestre 2017 (voir Graphique 2, Note 1/ 2) se reflète aussi en termes de valeur des exportations pour la Russie et l’Arabie Saoudite qui baissent de 5,9 % et de 20,9 %.

Enfin, le commerce des services commerciaux a aussi connu une amélioration modeste des échanges de 2%  le dernier trimestre de 2016 et de 0,9 % durant le premier trimestre de 2017. L’année 2017 a donc connu jusque-là un rebond des échanges commerciaux, plus marqué durant le premier trimestre. Selon le World Economic Outlook publié par le FMI en Octobre, la croissance des échanges commerciaux est prévue d’atteindre 4% en 2017, soit 1% de plus par rapport à la croissance du PIB mondial.

 

Signaux positifs pour la suite

 

La reprise du commerce international peut être renforcée par l’amélioration de la situation des économies émergentes. Le FMI a revu ses prévisions d’Octobre  à la hausse concernant la croissance économique de la Chine (+0,1 % par rapport aux prévisions de Juillet). De plus, la valeur des importations chinoises a augmenté de 18,7 % sur un an en septembre, ce qui profitera aux partenaires commerciaux de la Chine en termes d’exportations. Le projet de la nouvelle « route de soie » initié par la Chine aura aussi ses effets sur les échanges commerciaux au niveau mondial. Avec des investissements massifs, le but de la Chine est de favoriser les liens économiques entre l’Asie et l’Europe, et surtout de réduire sa dépendance des voies maritimes, notamment en améliorant les connexions ferroviaires et en installant un réseau terrestre.

La situation économique s’améliore aussi pour le Brésil, après une récession dramatique en 2016. Selon l’Institut Brésilien de géographie et de statistiques (IBGE), la croissance a évolué de 1 % pendant le premier trimestre de 2017 par rapport au dernier trimestre de 2016. La reprise des économies émergentes est accompagnée par une résilience des devises émergentes. Les afflux de capitaux vers les pays émergents se sont ressaisis avec une moyenne de 200 milliards sur les deux premiers trimestres de 2017, contre 120 milliards en moyenne trimestrielle sur 2015-2016. L’indice des taux de change des marchés émergents proposé par MSCI a connu une amélioration de 14 % en Octobre 2017, par rapport à sa valeur en Janvier 2016. 

L’Europe fait aussi des pas vers la reprise économique. L’UE28 a affiché une croissance des échanges commerciaux plus importante au deuxième trimestre qu’au premier trimestre de 2017. De plus, la reprise de l’économie de la Zone Euro semble se confirmer. La croissance économique se poursuit depuis la fin de 2016, avec 0,7 et 0,6 %  de croissance du PIB aux deuxième et troisième trimestres 2017, respectivement, selon les dernières estimations d’Eurostat. De plus, la croissance du PIB de la Zone Euro au troisième trimestre de 2017 est de 2,5% par rapport à la même période en 2016. La baisse du chômage ainsi que le dépassement des incertitudes liées aux échéances électorales dans certains pays de la Zone sont aussi des signaux positifs sur la reprise de l’économie de la Zone Euro. A ce titre, le FMI a revu les prévisions de croissance de la zone à la hausse dans son dernier rapport d’Octobre,  pour atteindre 2,1 % en 2017, soit 0,4 % de plus par rapport aux prévisions d’Avril. En ce qui concerne les Etats Unis, les prévisions de croissance économique par FMI ont été cependant révisées à la baisse en Octobre, avec -0,1 % par rapport aux prévisions d’Avril.

 

Des risques sur le commerce international

 

L’incertitude sur la reprise du commerce international reste cependant marquée vu la présence d’un ensemble de facteurs pouvant fragiliser les échanges commerciaux. Tout d’abord les années 2016-2017 sont marquées par une montée du protectionnisme et du nationalisme. Il s’agit principalement des menaces protectionnistes de D. Trump, Président des Etats Unis traduites par le slogan « America First». Il s’agit par exemple de la menace des Etats Unis de se retirer de l’Accord de libre-échange nord-américain  (ALENA, NAFTA). Les Etats Unis demandent en effet une renégociation de l’accord, afin de le « moderniser ». Cette demande est motivée par le passage de la balance commerciale avec le Mexique d’un excédent avant l’accord à un déficit après l’accord. Ces tendances anti-mondialisation ont été largement dénoncées par les leaders du G20 lors d’un rassemblement des ministres de finance des pays du G20 en Octobre 2017. De plus, une troisième augmentation des taux d’intérêt par la FED est envisageable, après celles de Mars et de Juillet. Cette hausse des taux d’intérêt brutale et inattendue aux Etats Unis générerait beaucoup de volatilité sur les devises émergentes, ce qui jouerait sur leurs réserves et sur leur pouvoir d’achat. Pour la Chine, malgré la révision à la hausse des prévisions de croissance, le FMI annonce qu’il existe  un risque accru d’un ralentissement économique brutal, notamment lié à l’explosion de la dette chinoise. De plus, la faible reprise des prix des matières premières en 2017 et la tendance à la baisse durant le deuxième semestre de l’année constitue aussi un risque sur les échanges commerciaux.

D’autres risques sur le commerce international s’ajoutent, notamment le risque politique lié aux tensions entre les Etats Unis et la Corée du Nord, ou encore le risque sécuritaire lié au terrorisme, qui pèse sur l’économie mondiale. L’actualité durant le second semestre 2017 a aussi été marquée par une série d’ouragans liés à la saison cyclonique dans l’océan atlantique. Le coût de ces catastrophes naturelles peut affecter la croissance économique des pays/ régions touchés et par la suite les investissements et les échanges commerciaux.

Les mouvements d’indépendance de certains pays/ régions renforcent les risques sur le commerce international. Il s’agit surtout des effets du « Brexit » sur l’économie européenne et par la suite sur les échanges du Royaume Uni avec le reste de l’Union Européenne et aussi le reste du monde, même si le gouvernement britannique ne partage pas les idées protectionnistes du Président D. Trump et assure que l’ouverture commerciale représente une solution et non pas une cause de l’instabilité économique mondiale. Le « Brexit » se traduit cependant par des incohérences et des problèmes de douanes et portuaires, qui demandent une période de transition importante pouvant donc affecter l’activité du commerce international. D’autres instabilités politiques risquent d’avoir leurs effets sur la Zone Euro, notamment les tensions entre la Catalogne et le gouvernement espagnol autour d’un éventuel « Catalexit ».

Pour finir, une nouvelle tendance est aussi à prendre en compte dans l’étude de l’évolution du commerce international qui est liée à la digitalisation de l’économie, phénomène apparu début des années 2000 suite à la révolution Internet. Les flux de données accompagnent maintenant tout échange de biens et ou de services, et offrent donc une nouvelle dimension de la mondialisation (Olivier Passat, Xerfi Canal). Le commerce électronique est en pleine expansion, avec des échanges de services de TIC dont le chiffre d’affaires mondial au augmenté de 20 % entre 2012 et 2016. Le développement du commerce électronique impacte l’économie mondiale de différentes manières. D’un côté, cette activité creuse les inégalités entre les pays développés et les pays en développement où l’accès aux TIC est moins garanti, et affecte l’emploi vu ses effets sur les ventes physiques. De l’autre côté, le e-commerce élargit le champ d’action des entreprises en permettant à leurs produits d’atteindre des destinations qui étaient jusque-là inaccessibles et donc leurs échanges commerciaux internationaux. Il est donc intéressant de prendre en compte cette nouvelle tendance du commerce afin de mieux évaluer les performances du commerce international.

 

Conclusion

 

Le début de l’année 2017 porte quelques signes de redressement, malgré un fléchissement de la reprise durant le second trimestre de 2017. L’activité du commerce international pourra profiter de la croissance économique aux Etats unis et de la reprise de l’économie chinoise et d’autres économies émergentes. La montée des discours protectionnistes, les mouvements « exit » que vit l’UE ainsi que le développement du e-commerce sont cependant des éléments qui sont en prendre en compte lors de l’évaluation de l’activité du commerce mondial.

 

                                                                                              Fatma BOUATTOUR

 

Bibliographie

 

FMI, «  Seeking Sustainable Growth: Short-Term Recovery, Long-Term Challenges », World Economic Outlook, October 2017.

MSCI Emerging markets Index, https://www.msci.com/documents/10199/c0db0a48-01f2-4ba9-ad01-226fd5678111

OCDE, « Statistiques de l’OCDE sur le commerce international : tendances au premier trimestre 2017 », Communiqué OCDE du 29/5/2017.

OCDE, « Continued, albeit slower, G20 merchandise trade growth in  the Q2 2017 », Communiqué OCDE du 29/8/2017.

WTO, “Latest quarterly trade trends”, 19/09/2017.

WTO, « Une reprise du commerce est attendue en 2017 et 2018, dans un contexte d’incertitude des politiques », Communiqué de presse, PRESS/793 STATISTIQUES ET PERSPECTIVES DU COMMERCE.

https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-mondialisation-s-emballe-a-l-heure-du-digitale-1222832

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/05/15/la-chine-veut-restaurer-la-route-de-la-soie-non-sans-perils_5127828_3216.html

https://www.courrierinternational.com/grand-format/chine-route-de-la-soie-la-mondialisation-selon-xi-jinping

 

Notes:

[1] C’est notamment lié aux faibles livraisons des avions Airbus.

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