Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Killer Chart : que se passe-t-il du côté des investissements étrangers en Chine ?

Cette courte note propose de décrypter un graphique marquant, en lien avec l’actualité économique. Ce Killer Chart revient sur la baisse historique des investissements directs étrangers (IDE) réalisés sur le sol chinois.

Killer Chart Illustration1

Téléchargez le PDF : Killer-chart-Chine-IDE-entrants

Pourquoi c’est intéressant ?

Depuis son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Chine a capté un volume croissant d’investissements directs étrangers (IDE) sur son sol. Les entreprises des pays étrangers ont profité de l’opportunité que représentaient la Chine comme terre de production et comme marché de consommation pour y installer des capacités productives.

Si ce mouvement a été quasi-continu entre le début des années 2000 et 2015, un premier ralentissement marqué ayant été observé à la suite du krach boursier et de la crise immobilière de 2015-2016. Après un rebond des IDE entre 2017 et 2021, la crise immobilière à l’été 2021, d’une virulence décuplée par rapport à la précédente, a entraîné un effondrement des IDE entrants sur le sol chinois.

Le décrochage a été tel que les IDE entrants en Chine ont même été négatifs au 3ème trimestre 2023 (-12 milliards USD) et au 2ème trimestre 2024 (-15 milliards USD).

Qu’en penser ?

S’il n’est pas intuitif que des IDE entrants puissent être négatifs, il faut comprendre ce qu’ils contiennent. Il existe deux principaux postes au sein des IDE entrants dans un pays :

  • Les investissements réalisés par les entreprises étrangères dans de nouvelles installations sur le sol du pays concerné et ;
  • Les bénéfices générés et réinvestis par les entreprises étrangères déjà installées sur le sol du pays concerné.

Or, si une entreprise étrangère décide de ne pas réinvestir ses bénéfices et de les rapatrier dans son pays d’origine alors ces derniers sont enregistrés, par norme comptable, en soustraction des IDE entrants et non comme des IDE sortants.

C’est précisément ce qui explique qu’en Chine, les IDE entrants ont été négatifs récemment. Le retrait des bénéfices des entreprises étrangères (48 milliards USD au 2ème trimestre 2024) a dépassé le montant des investissements dans de nouvelles installations (33 milliards USD).

Il est d’ailleurs frappant de constater que la baisse des IDE entrants en Chine tient quasi exclusivement à la chute historique des bénéfices réinvestis. Alors que ces derniers contribuaient positivement à hauteur 35 milliards USD en moyenne chaque trimestre en 2020 et 2021, le mouvement s’est totalement inversé au point que les retraits des bénéfices hors de Chine ont atteint 35 milliards USD en moyenne chaque trimestre depuis début 2023.

Cela reflète l’aversion grandissante des entreprises étrangères à l’égard de la Chine dans un contexte de montée du protectionnisme et où la main grandissante du gouvernement chinois sur l’économie restreint les libertés d’entreprendre. D’autant que la Chine poursuit à bas bruit un objectif d’évincement des grands groupes d’origines étrangères au profit d’entreprises d’origine chinoise. C’est particulièrement le cas dans le secteur automobile où les constructeurs étrangers ne représentent plus de 33 % des ventes de voitures sur le sol chinois contre plus de 60 % avant la crise Covid. Il en va de même dans le secteur de la restauration où le géant Starbucks voit par exemple ses revenus fondre en Chine perdant des parts de marché face des marques chinoises comme Luckin Coffee.

Cette stratégie peut néanmoins se révéler dangereuse si, dans le même temps, la Chine investit massivement dans d’autres pays via des IDE conduisant à dégrader fortement le compte financier de la Chine (cf. cet autre Killer Chart publié sur BSI Economics).

L'auteur

Plus d’analyses